Les réformes qui depuis plus de 30 ans ont flexibilisé l'emploi en France n'ont pas permis de lutter efficacement contre le chômage. Au contraire, elles ont précarisé l'emploi, aliéné le travail et fragilisé l'économie. Avec les lois travail XXL, Emmanuel Macron veut aller encore plus loin en soumettant le travail aux exigences du patronat et de la finance.  

Libérer le travail, ça voudrait dire quoi ?

Ce serait lui redonner du sens : en finir avec les objectifs quantitatifs absurdes qui obligent à tricher et à mentir pour faire semblant de les atteindre. En finir avec l'obsolescence programmée, qui fait fabriquer des produits fragiles pour accélérer leur remplacement. En finir avec l'obligation de vendre n'importe quoi sans se préoccuper des besoins réels des client·e·s et usager·e·s. En finir avec les réductions d'effectifs qui obligent à travailler de plus en plus vite en sacrifiant la qualité des produits et des services, le travail « bien fait ».

Ce serait lui redonner de la sécurité : offrir aux salarié·e·s et à leur représentant·e·s un droit de veto sur les restructurations et les délocalisations qui ferment leur avenir, instituer une garantie de revenu au salaire antérieur en cas de chômage ou de formation pour leur permettre de refuser les miettes d'emplois, les jobs jetables et mal payés qui précarisent leur vie. Ce serait lui redonner du pouvoir : permettre aux salarié·e·s de peser sur les décisions d'investissements, associer les usager·e·s et les client·e·s aux choix de production et à la définition des services. Libérer le travail, ça voudrait dire accorder aux salarié·e·s et aux parties prenantes concernées – riverain·e·s, usager·e·s, associations… – de nouveaux droits pour un travail plus vivable et plus sain, pour une société plus juste et pour la planète.

Les lois travail XXL font exactement l'inverse !

La loi d'habilitation parle « d'améliorer la représentation des salarié.e.s dans les organes d'administration et de surveillance des sociétés dont l'effectif dépasse certains seuils ». Mais les représentants des salarié·e·s, ultra-minoritaires dans les conseils d'administration, n'y auront aucun poids réel. La fusion des instances représentatives éloignera les représentant·e·s de leur base : fini les délégué·e·s du personnel ou les élus CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui connaissent les salarié·e·s et le terrain, ils ou elles seront absorbé·e·s dans les instances centrales, d'entreprise ou de groupe.

Le droit pour le patron de déclencher un référendum contre les syndicats, la réduction des sanctions et des délais de recours en cas d'abus, l'extension des contrats précaires…, toutes ces mesures asserviront un peu plus le travail au lieu de le libérer. Pour mieux en diminuer le coût (économique) pour les actionnaires, non le coût (humain) pour nous toutes et tous, salarié·e·s, chômeurs·euses et précaires. Il est temps d'arrêter les bobards et de libérer réellement le travail !

Les 8 bobards en question :