« Les risques psychosociaux concernent désormais un grand nombre de cadres intermédiaires »

Dans une tribune au « Monde », l'économiste Ricardo Azambuja explique, sur la base d'une étude qu'il a menée avec Gazi Islam, comment chefs de service ou chefs d'équipe se retrouvent pris entre le marteau de la direction et l'enclume de leur ancien milieu professionnel.

La pensée marxiste a émergé dans une période d'industrialisation rapide, pendant laquelle les manufactures embauchaient en nombre, transformant les paysans et les artisans autrefois indépendants en prolétaires interchangeables et dépendant de moyens de production qui ne leur appartenaient plus. Près de deux cents ans plus tard, à l'heure où robotisation, intelligence artificielle et « ubérisation » transforment à nouveau profondément le travail, cette pensée est-elle pertinente pour analyser la situation des salariés ?

Pour Marx, l'aliénation provient d'une standardisation des conditions de pro­duction, en rupture avec une manière traditionnelle de travailler, plus authentiquement ­humaine parce que découlant en partie de motivations d'ordre créatif et non pas de la seule nécessité de gagner sa vie. La ­notion d'émancipation, quant à elle, correspond à la libération matérielle, intellectuelle et psychologique des ­conditions de cette ­domination.

La crise de 2008 a brutalement réactualisé ces notions, qui nous permettent d'éclairer certaines situations complexes. Elles nous ont servi notamment de fil rouge pour comprendre l'activité, peu étudiée, des cadres intermédiaires, ces milliers de chefs de service et de chefs d'équipe qui représentent pourtant aujourd'hui près de 20 % des salariés.

Nous avons passé une année en immersion en entreprise pour les suivre au quotidien, heure par heure, dans une démarche anthropologique (« Working at the Boundaries : Middle Managerial Work as a Source of Emancipation and Alienation », par Ricardo Azambuja et Gazi Islam, à paraître dans la revue Human Relations).

Des cadres « chosifiés » !

Coincés entre la base et la direction, les ­cadres intermédiaires oscillent entre le sentiment d'acquérir, grâce à leur statut, une ­certaine autonomie liée à leur rôle de leader et de coordinnateur, et la perception d'être eux-mêmes contrôlés, voire manipulés, « chosifiés »,...

En savoir plus sur

http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/11/les-risques-psychosociaux-concernent-desormais-un-grand-nombre-de-cadres-intermediaires_5297558_3232.html#4twkALt6hCQ3AfiD.99


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